Le Pli n° 118 – 120 (1 – 2/2011)
Éditorial
Le p’tit plieur de banlieue
Quelques minutes après l’annonce du décès d’Éric Joisel, le 10 octobre 2010, un plieur anonyme écrivait sur la toile : « Je suis dévasté ». Il exprimait, par ces mots, l’immense tristesse de la communauté internationale des origamistes.
Les amis d’Éric, ses admirateurs, qu’ils l’aient connu ou non, ont souhaité témoigner dans l’hommage que le MFPP lui rend par cette publication. Tous disent d’abord l’admiration pour l’homme, pour sa générosité, sa gentillesse, sa disponibilité. Tous disent également à quel point Éric fut un artiste hors norme, explorant sans cesse « les frontières du possible ». Tous saluent l’immensité de son œuvre.
À partir de 1983, date à laquelle il découvre l’origami, Éric Joisel sacrifiera sa vie à sa passion. Infatigable travailleur, Eric était debout dès 5 heures le matin, et pouvait travailler 15 heures d’affilée. Infatigable enseignant, la nuit il se mettait à son ordinateur pour répondre aux sollicitations de nombreux admirateurs anonymes et les conseiller, qui sur un blocage à une étape d’un modèle, qui sur la recherche du bon papier. Explorer sans relâche les arcanes du pliage aura été, chez Éric, une préoccupation constante. En commençant par six années de travail acharné sur les diagrammes de Yoshizawa qu’il admirait tant. Puis en découvrant, toujours par le pliage, tous les autres créateurs de son temps. Sa maîtrise de toutes les techniques lui permet de développer son propre style : la sculpture par le pliage. Et, sans cesse, il sera à la recherche de la perfection. Une quête du Graal qu’il pensera avoir atteint dans sa dernière œuvre pourtant inachevée : La commedia dell’arte. Éric était alors arrivé au sommet de son art, aux sommets de l’art du pliage ; il n’avait que 53 ans. Nombre d’entre nous rêveront longtemps aux œuvres qu’Éric aurait créées dans les décennies à venir.
Depuis deux ans, tous les proches d’Éric savaient qu’il se battait. Peu savaient à quel point la maladie avait évolué. Sa discrétion et sa pudeur en étaient la cause. Jamais Éric ne voulait déranger. En août 2010, Éric est allé à Saragosse. Vaillamment, il a une dernière fois répondu aux sollicitations de ceux qui l’admiraient, avec gentillesse et humour. Il est rentré en septembre à l’hôpital et, tout en sachant la fin proche, est resté ce merveilleux ami, prévenant, attentif aux autres. Il ne s’est jamais plaint. Voir les pages du livre que son ami Makoto Yamaguchi réalisait aura été son dernier bonheur. « C’est trop beau », murmurait-il à chaque fois.
Yves Clavel
Sommaire
Articles
- Éric Joisel, le magicien de l'origami de Robin Macey et David Brill (traduction de Céline Clavel)
- Hommages de plieurs du monde entier
Diagrammes
- Éric Joisel mask de Hung Cuong Nguyen
- Diagrammes d'Éric Joisel :
- Coq
- Rat
- Bébé dragon
- Aberdeen
- Réverbère
- Poisson
- Nain
- Chat (Après le rat, le chat)
- Manchot 3D
- Petit démon
Téléchargements
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