Le Pli n° 103 (2/2006)

Éditorial

Où l’on passe du trop-plein au grand manque !
Figurez-vous mon cousin qu’en ces temps troublés qui fl eurent déjà la précampagne de votation pour la plus haute marche du podium élyséen, le spectacle que donnent régulièrement les innombrables candidats sur les écrans de l’étrange lucarne et dans les gazettes m’a proprement donné le tournis. Aussi, conseillé par un ami qui dispense son grand talent à la présentation d’une fameuse revue scientifi que, décidais-je de plutôt m’intéresser à une bien étrange confrérie : la ligue des plieurs de parchemin. Vous souriez, mon cousin, mais elle existe pourtant et ce, malgré moult difficultés que je me propose de vous conter car, probablement sans que vous le sachiez, certains de vos congénères provinciaux en font bel et bien partie.

Las, force me fut de constater qu’en ce mois de mai glacial durant lequel je pris langue avec quelques affi liés, la crise que certains subodoraient depuis les états généraux de l’année passée, éclatait au grand jour. En effet le président de la ligue qu’une gazette d’obédience jacobine avait surnommé il y a peu « le roi des cocottes », venait de déclarer qu’il n’avait plus le cœur, au propre comme au fi guré, de poursuivre sa tâche. Il devait d’ailleurs ne pas être du congrès de l’année tenu dans la bonne ville de La Rochelle et qui fut une belle réussite. En bref il abdiquait et il fallut constater sur l’heure que la charge restait vacante, faute de candidat ! Comme bien souvent on n’avait pas voulu entendre son appel de Paris en l’an de grâce V du IIe millénaire afin que les
quelques fidèles qui l’entouraient encore soient mieux soutenus dans leurs actions. N’avait-il pas déclaré qu’il fi nissait par ne plus se sentir que le roi des mendiants dans une sorte de cour des miracles ! En effet, toujours mendier quelque aide, quelque diagramme, quelque chronique devenait au fi l des ans un exercice trop éprouvant.

Par bonheur, depuis quelques jours on murmure cependant dans les coulisses de la cour parisienne du samedi qu’un jeune chevalier téméraire accepterait de reprendre le flambeau et ce avec d’autant plus d’ardeur que :

  • le grand argentier qui expédiait les affaires courantes n’a pas hésité à brandir la menace d’une dissolution de l’organisation,
  • que l’ancien roi a promis son aide au sein de ce qui devrait devenir le nouveau cabinet. Il accepte d’en faire partie mais à condition que certains membres de la confrérie se réveillent, qu’il s’agisse de ceux du conseil des anciens, de ceux qui sont actifs sur la grande toile d’araignée communicante ou de ceux qui possèdent un talent particulier.

La besogne ne manque pas et les chantiers sont nombreux. L’équipe de la gazette qui a déjà réalisé des prouesses attend que tous ces beaux messieurs et gentes dames, sans oublier tous les invités aux fêtes royales des années précédentes, lui envoient régulièrement le nécessaire afi n de poursuivre son œuvre dans de bonnes conditions. Qui fera revivre l’enseigne de la ligue sur la toile de manière que le monde de la communication équipé pour l’essentiel de machines MAC puisse la déchiffrer.

Qui mettra au point au moins une fois l’an une charte d’achat de livres et de papiers à destination des gentils membres qui ne peuvent venir
faire leurs emplettes à l’échoppe de la rue Coriolis.

Bref qui ne pensera plus uniquement à lui mais un peu aux autres… etc. Face à de telles harangues vous imaginez, mon cousin, que j’ai souhaité obtenir une audience du prince sortant, audience qu’il a fi nalement accepté de m’accorder. A mon grand étonnement il n’a pas voulu me parler de sa santé ou de tout ce qui ne fonctionne pas à son goût mais il m’a entretenu de ses rêves, en l’occurrence :

  • la refonte d’un vieux grimoire appelé « Pliages 1 » et son remplacement par une jolie brochure d’initiation confectionnée avec les méthodes actuelles
  • la publication d’un condensé des anciens livrets d’usage des tickets de la diligence électrique, enrichi de quelques nouveaux modèles,
  • mais la même question lancinante revenait dans le discours où l’on sentait une pointe de découragement : qui, qui, qui ? A moins dit-il enfin que parmi les futurs recalés du suffrage universel on trouve l’adepte magicien qui nous fait tant défaut. Et là, j’en avais bien la preuve, il rêvait mon cousin, il rêvait, il rêvait… et j’ai bien peur que ces rêves fabuleux ne deviennent jamais réalités. Dommage !

Michel de Rastignac
PS : J’espère qu’Eugène de Rastignac qui commente la vie politique parisienne à la
manière d’Honoré de Balzac dans l’hebdomadaire « Valeurs actuelles » ne m’en voudra
pas d’avoir tenté, bien modestement, d’imiter son style.

Sommaire

Articles

  • « Sont les filles de La Rochelle » et quelques autres plieurs d'Annette Hassenforder
  • Carlos Gonzalez Santamaria (autoportrait)
  • Roman Diaz (autoportrait)
  • Au pays de l'origami de Chantal Hinckellrin (exposition à Chauny)

Diagrammes

  • Escargot de Carlos Gonzàlez Santamaria
  • Petit coq de Romàn Diaz
  • Deux feuilles de Yoshihide Momotani
  • Fleur avec étamine et pistil de Yoshihide Momotani
  • Rameau de la Paix de Claudine Pisasale

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