Le Pli n° 135 (4/2014)

Éditorial

L’origami deviendra-t-il un jour une affaire sérieuse ? Dans un avenir plus ou moins lointain, de prestigieuses écoles d’origami vont-elles apparaître partout dans le monde ? Sera-t-il possible de gagner beaucoup d’argent avec l’origami ? Certains le désirent et en rêvent. D’autres ne s’en préoccupent pas et profitent dès maintenant de ce que l’origami donne de meilleur : le bonheur de laisser jouer ses mains avec le papier… sans jamais trop se prendre au sérieux !

Jouets de papier

C’est du pays des jeux électroniques les plus perfectionnés que nous vient une sympathique nouveauté présentée par notre correspondant au Japon, Jean-Christophe Hélary : l’origami de Muneji Fuchimoto. Ce père de famille a conçu des modèles à l’image des super-robots et super-héros préférés de ses enfants, il ajoute même aux diagrammes des règles du jeu, car, à la fin du pliage, les enfants jouent avec les figurines de papier, laissant à leur imagination le super-pouvoir de créer des mondes infinis… Et grâce à l’inspecteur Dupli dont nous saluons le retour dans ce numéro, nous apprenons que les enfants du XIXe siècle et même les soldats convalescents en Europe, faisaient de même en pliant des cocottes transformées en chevaux avec cavaliers !

L’origami n’est pas une spécialité

Dans notre revue hautement spécialisée, cette affirmation peut paraître contradictoire, voire absurde ! Et pourtant, Étienne Cliquet invite les connaisseurs à ne pas restreindre leur vision de l’origami comme le feraient des spécialistes : il nous aide à mieux voir en quels endroits multiples et inattendus l’origami trouve sa place à notre époque.

Des mathématiques à la poésie

Les relations entre les mathématiques, la géométrie et l’origami semblent naturelles. Elles évoquent pour nous les tessellations, les montages modulaires et leur beauté abstraite. Pour trouver une expression vivante et poétique, il semble plus logique de se tourner vers les pliages modelés, les recherches sur le matériau, tout ce qui peut nous délivrer de la contrainte rectiligne du pli, et mieux imiter la nature, dans le sillage d’Akira Yoshizawa ou Éric Joisel… Pourtant, il existe une troisième voie, qui conserve les contraintes initiales d’un origami « authentique » ainsi que l’a nommé Jun Maekawa, par laquelle les jeux de l’esprit et toutes les
émotions peuvent s’exprimer. Au nombre de ces jeux poétiques, Aurèle Duda nous raconte comment Toshikazu Kawasaki et le groupe littéraire Oulipo lui ont inspiré son modèle « Muraille ». Nous remercions M. Kawasaki d’avoir autorisé la traduction et la publication dans la revue française de son diagramme « Blocs soufflets ».

Nouveaux plieurs

Nous sommes heureux d’accueillir dans nos pages un modèle du jeune Raphaël Maillot qui vient de publier son premier livre (voir p 20).
Nous avons appris à mieux connaître Lucien Derainne, un jeune plieur, déjà expérimenté, membre actif du forum Pliage de Papier.com. Voici le diagramme d’une silhouette d’Alfred Hitchcock. Modèle en 2 dimensions, ce qui ne manque pas de charme à l’époque des défis de complexité ! Lucien sera un de nos invités aux Rencontres de Mai de La Rochelle en
2015 où il enseignera un autre modèle en 2 dimensions, à la technique remarquable : la silhouette de Charlot.
Toute l’équipe de la rédaction du Pli vous souhaite une bonne et heureuse année 2015 !

Viviane Berty

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